Les thématiques abordées

Toitures et matériaux de couverture au Moyen Âge et à l’époque moderne dans l’ouest de la France : Etat de la question

La toiture est un élément architectural central pour la pérennité d’un édifice, sa construction et son entretien nécessitent un approvisionnement régulier et massif de différents matériaux de couverture. C’est pourquoi nous constatons l’omniprésence de ces éléments aussi bien en contexte bâti, sédimentaire, qu’archivistique. La toiture a longtemps été considérée comme un objet d’étude ingrat, l’intérêt d’étudier les matériaux de couverture hors de leur contexte d’utilisation n’apparaissant pas à première vue. Il s’avère pourtant que depuis plus d’une décennie le discours a évolué, en montrant que la toiture peut s’inscrire dans des programmes architecturaux ostentatoires, à l’image des tuiles vernissées décorées, souvent rencontrées dans l’est de la France. Certaines équipes de recherche comme celle du CEM ou encore le Réseau Terre Cuite Architecturale (initié depuis peu par Alain Ferdière) mettent en place des protocoles d’investigation – à l’image de l’archéologie des toitures – mais aussi des tables rondes pour sensibiliser les archéologues à la prise en compte de ce matériau souvent délaissé. L’étude des toitures offre en effet de nombreux champs d’enquête qui concernent aussi bien la production, l’approvisionnement, l’économie, les techniques de mises en œuvre, l’esthétisme… et qui touche tous les milieux socio-économiques (religieux, élitaire, militaire et habitat civil). Depuis quelques années, colloques, tables-rondes, publications traitent de l’emploi des matériaux de couvertures et donnent à la communauté scientifique de nombreux acquis dans ce domaine.

Pourtant, contrairement à d’autres régions, l’ouest de la France pâtit, non pas d’un désintérêt pour la question, mais d’un isolement des professionnels et des chercheurs, qui se traduit par un éclatement des publications (pour certaines anciennes) et des travaux ne dépassant pas le cadre de la littérature grise. Dans ce contexte, le centre de recherche du CRAHAM propose un temps de rencontre, sous la forme d’un workshop (atelier), dans le but de faire un état des connaissances dans cette région, et d’exposer les problèmes méthodologiques rencontrés par chacun, questionner les aspects typo-chronologiques... Ces journées seront des temps de discussion entre tous les acteurs de l’archéologie et du patrimoine qui ont été confrontés, dans des contextes très variés (préventif, programmé, restauration), aux matériaux de couverture dans le grand ouest. Faute de pouvoir en une seule rencontre appréhender tous les aspects de ce domaine, nous proposons d’orienter les exposés sur l’usage des matériaux, au Moyen Âge et à l’époque moderne, quel que soit le contexte de découverte (sédimentaire, bâti, archives). Nous laissons donc volontairement de côté l’organisation socio-économique des productions – Qui détient les lieux de production ? Qui produit ? … – et les moyens de production – de l’extraction à la fabrication – qui feront l’objet d’autres rencontres.  

Les thèmes suivants seront abordés :

Charpente et couverture

Nous envisageons d’examiner le lien qui existe entre le type de charpente et les matériaux de couverture, ainsi que son évolution en fonction des techniques. Tous les matériaux (tuile, ardoise, essente…) sont-ils compatibles avec toutes les charpentes ? Le type de matériau est-il déjà envisagé dans le projet de couverture d’une charpente?

Matériaux, usages et mises en œuvre

Nous souhaitons examiner les caractéristiques des matériaux utilisés et voir si une typo-chronologie se dessine selon les régions. En contexte monumental ou stratifié, nombre de chercheurs développent des procédés analytiques à partir desquels il est, par exemple, possible d’identifier si un dépôt correspond à une seule et même toiture, par l’intermédiaire des gabarits, des systèmes d’accroche utilisés... De plus, il est important, d’une part, de prendre en compte les caractéristiques régionales en fonction de la proximité des matières premières, d’autre part, d’envisager les évolutions dans le temps de leurs usages – soit par l’intermédiaire d’études archéométriques, de la chronologie relative, ou par l’analyse stratigraphique. En outre, nous souhaitons mettre l’accent sur l’aspect technique de la mise en œuvre des matériaux par l’analyse des fixations (lien avec la charpente), l’étude possible des aires de travail (exemple : taille des ardoises sur les chantiers de construction) et faire une approche comparative avec les sources écrites. Celles-ci nous permettraient d’aborder également le vocabulaire employé et ses différentes significations.

Les matériaux et le programme architectural

Lors d’un nouveau projet monumental ou lors de programmes de réfections, les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre ont le choix, selon les périodes, du type de couverture. Il ne faut pas oublier que la toiture est un élément de hauteur, visible de tous, qui dans certains cas (château et abbaye) sont les seules structures visibles depuis l’extérieur. En cela, l’aspect esthétique est une considération importante pour les constructeurs, devant obéir à des principes d’harmonie architecturale, d’esthétisme et respecter la volonté des commanditaires, soucieux de manifester ainsi leur pouvoir, leur richesse, leur piété (?)… L’exemple même des campagnes de reconstruction d’abbayes durant l’époque moderne est sur ce point particulièrement éclairant, avec l’emploi de matériaux différenciés, selon le type de support, la fonction, la visibilité des édifices… 

Le choix d’un workshop paraît le plus approprié pour que les interventions puissent faire l’objet de discussions selon les expériences de chacun. Nous proposons que chaque intervention dure 35 min avec une discussion à la suite. Enfin, certains professionnels seront intéressés d’assister à ces journées, sans pour autant avoir l’intention de communiquer. Vos expériences, vos questionnements sont pour nous essentiels pour que les débats prennent tout leur sens. Veuillez alors dès maintenant vous inscrire pour faciliter l’organisation du workshop.  

 

 

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