Résumés des interventions

Jeudi 22 juin

 

Jean-BaptisteVincent1 et Adrien Dubois2 : Réflexion sur la diversité des matériaux de couverture sur des édifices religieux normands à l’époque moderne 

L’étude des édifices religieux offre la possibilité au chercheur de disposer de sources à la fois écrites et iconographiques, en particulier pour l’époque moderne, qui permettent de questionner la préférence qui est donnée à tel ou tel type de matériau de couverture. Les considérations en jeu sont nombreuses – techniques, financières, esthétiques, peut-être symboliques – et l’évaluation de chacune d’entre elles nécessite de prendre en considération à la fois l’évolution des modes et techniques, l’éventuelle propriété de moyens de production, la proximité par rapport aux ressources naturelles, etc. Quelques exemples peuvent être présentés qui montrent la complexité des choix opérés en fonction de ces critères, dont aucun ne paraît déterminant à lui seul. De plus, ces sources interpellent sur des modes de couvertures à l’époque moderne pouvant révéler des pratiques antérieures nettement moins bien documentées.

1 : Post-doctorant Normandie-Université, Centre Michel de Boüard, CRAHAM UMR6273

2 : Centre Michel de Boüard, CRAHAM UMR6273

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Jean-Yves Hunot1 : La mise en œuvre de l’ardoise de couverture en Anjou

L'Anjou est un bassin de production d'ardoises qui a beaucoup produit tant pour un usage local que pour un emploi plus lointain. Toutefois les témoins archéologiques de couvertures d'ardoise restent peu nombreux avant la fin du Moyen Âge. La plus ancienne attestation remonterait au VIIIe siècle, mais il faut attendre le XIe siècle avec les premiers témoins conséquents permettant d'assurer l'existence de couvertures d'ardoise sur les grands édifices d'Angers.

L’analyse détaillée de plusieurs lots et en particulier de celui issu de la commanderie de Saulgé à Luigné permet de caractériser la mise en œuvre du matériau de la carrière à la toiture. Les vestiges d'ardoise mis au jour dans des niveaux de la fin du Moyen Âge permettent de restituer les modes de pose et de les confronter aux données textuelles. Les ardoises retrouvées amènent à restituer une pose à pureau décroissant et joints brouillés dont il subsiste des témoins de la fin de l'époque moderne. Les ardoises fines sont destinées au commerce à longue distance, alors que localement elles sont, majoritairement, relativement épaisses et caractéristiques d'un second choix. On retrouve ces mêmes caractéristiques pour toute l'époque moderne. La fixation au clou de ces ardoises est générale, même si la pose au moyen de crochets est attestée aux XIe-XIIe siècles. La comparaison entre les structures des charpentes de comble et les inclinaisons des versants ne montre pas un lien évident avec le matériau de couverture.

 1 : Conseil Départemental de Maine-et-Loire, Pôle archéologie, CReAAH UMR6566

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Karine Vincent1 : La question des ardoises de couverture découvertes en contexte sédimentaire : apports et limites de l'étude à travers l'exemple du château de Suscinio (Bretagne)

La fouille du château de Suscinio (Sarzeau–Bretagne) a livré une grande quantité d'ardoises provenant de la toiture d'un grand logis (XIIIe - début du XVIe siècle). Complètement arasé au XVIe siècle, ce logis ne conserve aucun indice en élévation permettant de se représenter la forme de la charpente et de la couverture ; seule la découverte de ces ardoises permet aujourd’hui de documenter la question des toitures à Suscinio. Deux contextes de découverte se détachent particulièrement : des niveaux correspondant à un chantier de construction datés de la première moitié du XIVe siècle, puis un important remblai de démolition du logis débutant par un niveau constitué uniquement d'ardoises correspondant à l'abattement de la toiture au début du XVIe siècle. Procédant par échantillonnage, 1710 éléments d'ardoises ont été prélevés et inventoriés. Une fiche d'inventaire spécifique a été créée par l'équipe avec des champs descriptifs propres à ce mobilier (module, forme, type de perforation, graffiti …). L'étude a ensuite été enrichie par un dialogue d'abord avec les sources écrites qui font état de travaux réguliers sur les toitures, mais aussi avec le spécialiste du mobilier métallique afin de déterminer les systèmes d'accroche de ces ardoises sur la toiture à partir du mobilier recueilli.

Même si une première synthèse a été formulée apportant des renseignements sur les techniques de mise en œuvre de la couverture, cette étude a vite été confrontée à des limites, d'une part méthodologiques (pertinence de l'échantillonnage ? précision des mesures modulaires ? absence de référentiels sur la région concernée ?) et d'autre part scientifiques (quelle extrapolation possible entre les ardoises piégées dans les niveaux archéologiques et la toiture ? difficultés de lire une évolution technique ou typologique sur ce type de matériau...). Cette communication propose donc de détailler la démarche méthodologique employée à Suscinio, de présenter les résultats obtenus à partir de ce corpus et d'interroger sur les limites de ce type d'analyse dans une région dépourvue d'études de cas similaires.

1 : Service départemental d’archéologie du Morbihan, Centre Michel de Boüard, CRAHAM UMR6273

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Sébastien Daré1 : La couverture d'ardoise à Vannes (Morbihan) et dans ses environs de la fin de l'Antiquité à l'époque moderne. Apports de quelques fouilles archéologiques récentes

Les opérations archéologiques menées par le CERAM (Centre d'Études et de Recherches Archéologiques du Morbihan) à Vannes et au Hézo ont livré d'importants lots d'ardoises de couverture. Leur abondance a souvent entraîné un échantillonnage pendant la fouille et des études approfondies restent à entreprendre. Le recours à ce matériau pour couvrir les bâtiments remonte au moins à l'Antiquité tardive (IVe-Ve siècle), avec l'exceptionnel ensemble mis au jour dans l'un des bâtiments d'une grande villa littorale au Hézo. Il comprend des ardoises quadrangulaires, mises en place à la manière de lauzes sur un corps de bâtiment rectangulaire, et des ardoises taillées en écailles qui venaient couvrir une abside. Ces dernières étaient montées à pureau décroissant. L'étude de cette collection a mis en évidence un savoir-faire remarquable dans la taille comme dans la pose. Les autres lots présentés se rapportent à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècle). Ils se signalent par la prépondérance d'ardoises allongées de format quadrangulaire (carré ou rectangulaire) et une forte diversité dans l'emplacement et la morphologie des trous de fixation. Il faut aussi souligner la rareté de l'emploi de la terre cuite. Elle se limite aux tuiles faîtières et aux épis de faîtage.

1 : Centre d’Étude et de Recherches Archéologiques du Morbihan (CERAM)

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Jean-David Desforges1 : Ardoises, tuiles, chaume et essentes à Alençon, du XIVe siècle aux restaurations actuelles

Les études récentes sur les édifices civils médiévaux d'Alençon, dans le cadre de restaurations, ont permis d'aborder l'archéologie des charpentes et des couvertures de la fin du XIVe siècle au début du XVIe. Ainsi  en 2007-2008, l'étude de la maison des Sept Colonnes, datée de la fin du XIVe siècle, en confrontant sa logique constructive à celles décrites dans les marchés du tabellionage et en comparant ses décors aux parties résidentielles du château d'Alençon (vers 1370) a inauguré une étude sur un paysage architectural de chaume et d'essentes.

Cet aspect de la ville demeure méconnu du fait de l'essor de la tuile et de l'ardoise dans le courant du XVe siècle. Ces changements sont liés aux grands incendies, dont le plus notable est déclenché en 1467 par les troupes de Louis XI, et aux programmes urbains du XVIIIe siècle. Avec ce nouveau regard, les indices de toitures de chaume et les essentages de façade se révèlent de plus en plus nombreux. Le principal indice d'une couverture végétale est souvent la présence d'une déversée sur les souches des cheminées, indiquant une épaisseur de couverture de plusieurs dizaines de centimètres et des pentes plus prononcées. Les témoignages de couvertures végétales sont actuellement les plus présents dans les anciens faubourgs. Intra muros, la place du Puits des Forges reste jusque dans les années 1850 un ensemble exemplaire de façades couvertes, comme l'atteste l'iconographie.

En complément de l'archéologie du bâti, le dépouillement de sources écrites, comme les marchés de travaux, documentent l'économie des chantiers, l'artisan tuilier et le couvreur prennent ainsi une place au côté du charpentier, trop souvent considéré comme seul intervenant dans la construction des parties hautes de la maison.

: Archéologue du bâti, CRAHAM UMR6273 Centre Michel de Boüard

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Bruno Fajal1, Philippe Lanos2, Philippe Dufresne3, Lucie Garnier4 : La tuile dans la vicomté de Domfront (Orne) : quelques observations à partir de sources écrites, d’une étude archéologique et d’analyses archéomagnétiques (XVIe – XVIIe siècles).

Des travaux sur l’artisanat céramique menés à partir de sources écrites, de prospections, de sondages archéologiques et d’analyses archéomagnétiques, ont enrichi notre connaissance des matériaux de couverture (en premier lieu la tuile), en usage dans la région de Domfront, aux XVIe et XVIIe siècles. L’utilisation de la tuile peut être abordée à partir d’aveux roturiers réunis dans le terrier de la vicomté de Domfront, aveux qui datent pour l’essentiel du troisième quart du XVIIe siècle. Ils décrivent succinctement plus de 3000 bâtiments groupés ou isolés et, pour près de 1500 d’entre eux, les matériaux de leur couverture. Il sera ainsi possible d’examiner, à partir d’un large échantillon de toitures, la fréquence et la distribution de chacun d’eux.

Les mêmes sources écrites ainsi que les prospections de terrain ont conduit à la localisation de plusieurs fours de tuiliers. L’un d’eux, situé à La Haute-Chapelle (Orne), au lieudit la Pesnière, au cœur des carrières d’extraction des argiles utilisées par les artisans potiers et tuiliers de cette région, a fait l’objet d’une étude archéologique puis d’analyses archéomagnétiques. Les restes d’un four à tuile de facture très rustique, à deux couloirs de chauffe, seront présentés.

Deux types d’analyses archéomagnétiques ont été effectués sur ce site tuilier. Une première analyse d’une centaine de fragments de tuiles qui jouxtaient les restes du four a été effectuée après la campagne de prospections. La datation proposée pour ces objets déplacés va de la seconde moitié du XVIe siècle à la première moitié du XVIIe siècle. La seconde analyse, consécutive au dégagement du four l’année suivante, porte sur des éléments de la sole ainsi que sur le foyer. La datation proposée se trouve comprise entre la fin du XVIe siècle et les années 1640. Nous replacerons ces observations dans le cadre des techniques de cuisson des tuiles et briques mises en œuvre de l'Antiquité à nos jours.

: CNRS, CRAHAM UMR6273 Centre Michel de Boüard, Université de Normandie

2 : CNRS, Géosciences Rennes, INSU UMR6118

3 : CNRS, IRAMAT-CRP2A UMR5060

4 : CNRS, IRAMAT-CRP2A UMR 5060

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 Gilles Deshayes1 : Problématique de recherche sur les tuiles plates en Normandie : travaux en cours sur les anciens diocèses de Rouen et d’Évreux (XIIe-XIXe siècle)

Les tuiles plates produites et mises en œuvre dans les anciens diocèses de Rouen et Évreux font actuellement l’objet d’une recherche initiée en 2007 par la collecte de nombreux éléments dans l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime). Cette approche se nourrit de l'analyse des tuiles mises au jour en contextes stratigraphiques au cours des opérations menées par la Mission archéologique départementale de l'Eure (MADE). Elle tend à mesurer les apports, contraintes et limites de telles sources d’information et de datation sur leur typologie, leur production et leur diffusion, leurs usages et remplois, mais aussi sur les contextes de leur découverte.

1 : Mission archéologique départementale de l’Eure, Centre Michel de Boüard, CRAHAM UMR6273

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Vendredi 23 juin

 

Laurent Beuchet1 et Vincent Bernard2 : Toitures de bardeaux à Rennes (XIe-XIIIe siècle)

 Dans le cadre de la fouille de la future station de métro de la place Saint-Germain à Rennes, plusieurs éléments de toiture en bois ont été mis au jour dans des milieux humides. Des installations datables des XIe et XIIe siècles livrent des bardeaux réutilisés, notamment comme cale de poteaux. Mais les éléments les plus intéressants sont issus d'une toiture incendiée et effondrée, rejetée sans doute à proximité du bâtiment qu'elle couvrait. Au total, ce sont 160 bardeaux qui ont été étudiés, ainsi que 7 chevrons ou liteaux sur lesquels ils étaient fixés. Une dizaine de datations dendrochronologiques effectuées sur les bardeaux fixe une chronologie resserrée entre 1214 et 1234, tandis que les datations sur les autres éléments (chevrons, sablière) mettent en évidence de probables remplois. Outre le contexte archéologique de découverte et l'argumentaire stratigraphique et chronologique, la présentation sera axée sur l'étude technologique des éléments de toiture.

1 : Inrap, CReAAH UMR6566

2 : CNRS, CReAAH UMR6566

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Sylvain Aumard1 et Frédéric Épaud2 : Les toitures de la cathédrale Saint-Pierre de Lisieux : recherches récentes 

Édifiée entre les années 1140 et 1210, la cathédrale Saint-Pierre de Lisieux est un monument insigne du premier âge gothique normand marqué par le style francilien. Malgré quelques ajouts et transformations, les charpentes du grand comble conservent l’essentiel de leurs dispositions d’origine (nef, transept et cœur) dont les datations ont été confirmées au début des années 2000, après une première série de relevés par le Centre de recherches sur les monuments historiques vers 1944.

Bien que les investigations aient révélé ces ouvrages comme un des ensembles du XIIe siècle les mieux conservés de France, des zones d’ombre importantes subsistent à propos des parties coiffant les collatéraux et le déambulatoire dont les états médiévaux ont été considérablement remaniés, voire intégralement remplacés. D’une manière générale, la question des couvertures n’est pas en reste, car la mise en évidence de plusieurs tuiles médiévales montre la possibilité d’interroger les revêtements reçus par ces charpentes. Ces deux aspects éclairent non seulement la connaissance propre du monument, mais aussi une période clé dans l’évolution des toitures dans toutes leurs dimensions. En amont de futurs travaux de restauration, une étude a permis de se pencher à nouveau sur ces questions en 2016 à la demande conjointe de la Conservation régionale des Monuments historiques et du Service régional de l’Archéologie.

D’un côté, le comble du déambulatoire a fait l’objet d’une exploration systématique afin de reconnaître les bois en remploi et les dispositions initiales des charpentes (typologie, tracéologie, dendrochronologie) pour lesquelles il n’existe que très peu de parallèles bien documentés. De l’autre, la totalité des couvertures hautes et basses a été examinée dans le but d’évaluer leur potentiel archéologique (quantité et diversité des tuiles médiévales) afin d’envisager les mesures d’étude et de conservation aux cours des restaurations futures.

: Centre d’études médiévales (CEM), ArTeHiS UMR6298

2 : CNRS, CITERES-LAT UMR6173

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Corentin Olivier1 : Les charpentes médiévales et modernes du Massif armoricain : quelques pistes sur leurs couvertures

Les travaux sur les charpentes anciennes en Bretagne sont rares et très peu abordent le thème de la couverture. Pourtant, la charpente de comble et la couverture sont difficilement dissociables. Même si certaines structures participent à l'apparat d'un édifice, le rôle primaire d'une charpente de comble reste avant tout de porter la couverture. Néanmoins, les indices sur la couverture des charpentes médiévales et modernes du Massif armoricain demeurent extrêmement ténus. Malgré un corpus de plus de 600 charpentes datées du XIIIe siècle au XVIIe siècle dans le nord-ouest de la France, il semble qu'aucun édifice n'ait conservé sa couverture d'origine.

Pour autant, nous  exposerons les rares indices structurels témoignant du type de couverture employé à différentes échelles. Tout d'abord, une présentation succincte de l'évolution typologique des charpentes de l'ouest de la France entre la période médiévale et moderne permettra de discerner les incidences structurelles de la couverture sur le travail de charpenterie. Le poids des matériaux et leurs impératifs de pose ont-ils une réelle incidence sur la section des pièces de bois de la charpente et sur la pente des combles ? Dans un second temps, nous nous attacherons à détailler un type de charpente très répandu dans notre aire géographique, la charpente à fermes et pannes – entre la fin du XIVe et à la fin du XVIIe siècle – afin d’identifier les modes de couverture possibles. Enfin, nous détaillerons les rares vestiges découverts en Bretagne depuis quelques années révélant les matériaux de couverture employés sur certaines charpentes.

 1 : Doctorant Université du Maine, CReAAH UMR6566

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Camille Marguerite1 : Audace ou ignorance : les problèmes statiques de la charpente des « Grands greniers » de Nanteuil-en-Vallée (Charente)

 Communément dénommé les « Grands Greniers », un édifice de 50 m de long sur 11 m de large daté du XIIIe siècle est intercalé entre l'église abbatiale romane et le bourg paroissial de Nanteuil-en-Vallée. Son étude archéologique, dirigée par Patrick Bouvart, s'inscrit dans un programme de recherche pluridisciplinaire établi sur plusieurs années (2011-2017). L'analyse structurelle d'une partie de la charpente regroupe les observations de Camille Marguerite et Jeremy Leclerc. Les résultats sont étayés par une chronologie relative de l'ensemble des élévations ainsi que des datations issues d'une expertise dendrochronologique. Dans le même contexte, l'étude des enduits peints alimente les interprétations sur la fonction des espaces. L'étude a mis en évidence une évolution rapide du parti constructif de la charpente en raison de désordres statiques. Ce constat a imposé une réflexion sur l'état originel, les causes d'une déstabilisation de la toiture et les moyens mis en œuvre pour sauvegarder le bâtiment. Les interprétations portent également sur les conséquences d'un remplacement d'une couverture en lauze par de la tuile plate. La portée des résultats dépasse le cadre du rapport archéologique puisqu'ils ont abouti à alerter les Monuments Historiques sur la fragilité de l'édifice et les enjeux de sa conservation.

 1 : Hadès

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Poster / Rémy Rouleau1 : Les éléments de faîtage en lignolet du Champ du Frêne à Asnières-sur-Nouère

Fouillé dans le cadre de l’aménagement de la ligne TGV Tours-Bordeaux, le site archéologique du Champ du Frêne, située sur la commune d’Asnières-sur-Nouère, est un hameau  strictement médiéval. Il est composé d’une quarantaine de bâtiments, dont l’occupation se découpe en trois phases, de la mise en place d’aires d’ensilage au Xe siècle jusqu’à l’abandon total du site aux alentours du XVe siècle.

Le bon état de conservation général des vestiges permet de renseigner précisément les modes de constructions des bâtiments : murs en moellons et blocs de calcaire, nombreux éléments lapidaires (seuils, claveaux, escaliers…), mise en place de caves et de souterrains, etc. La fouille a également permis de mettre en évidence les modes de couvertures des bâtiments. Ainsi, s’il est vraisemblable qu’une partie d’entre eux étaient couverts en matériaux périssables, d’autres voyaient l’édification de toitures en petites lauzes de pierres dont le faîtage étaient terminé par une couverture dîte en « lignolet ». Il s’agit d’une technique  qui consiste à faire dépasser des dalles au-delà de la dernière rangée de lauze. Cette technique, que l’on peut retrouver en plusieurs régions de France, semble avoir été très utilisée dans l’environnement direct du site, puisque plusieurs édifices religieux, tous situés à quelques kilomètres d’Asnière-sur-Nouère, en sont encore les témoins aujourd’hui.

  1 : Eveha

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Michael Batt1 : L'importation et la diffusion de tuiles anglaises du Somerset en Bretagne septentrionale au XIXe siècle

Les résultats de travaux de terrain menés pendant les années 1980 montrent que des quantités importantes de tuiles, fabriquées par Colthurst, Symons and Co Ltd, à Bridgwater (Somerset, Angleterre), ont été importées dans le nord de la Bretagne – essentiellement au nord des Côtes-d’Armor – à la fin du XIXe et au début du XXe siècle selon le témoignage du géographe Camille Vallaux. Leur utilisation témoigne d’un nouveau mode de couverture dans cette région, rapidement remplacé par l’ardoise aujourd’hui omniprésente. Effectivement, du nord au sud de la Bretagne, le chaume était auparavant le matériau de couverture « traditionnel ». Le déclin du chaume au XIXe siècle débute avec la mécanisation accrue des exploitations agricoles  – les batteuses rendent la paille impropre à l'utilisation en couverture – et les compagnies d’assurance imposent les matériaux non-inflammables.  

La présence des tuiles anglaises en Bretagne nous a paru d'un intérêt qui a justifié une enquête approfondie. Dans les régions des Lannionais et Trégorois (Côtes-d'Armor), on peut voir des centaines de bâtiments couverts de tuiles fabriquées en Angleterre. Ceci suggère un commerce de grande échelle, avec une diffusion sur toutes les communes côtières de Paimpol à Plougasnou et à Morlaix, avec quelques exemples dans la périphérie de Guingamp. Ce témoignage engage à s’interroger sur la continuité de rapports commerciaux et culturels entre les deux rives de la Manche.

1 : Centre Michel de Boüard, CRAHAM UMR6273

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Paul Lagarrigue:La question des tuiles à crochet dans le nord de la Haute-Bretagne : le cas de l'ancien château de Coëtquen (Saint-Hélen, 22)

Récemment, dans les déblais résultant d'excavations clandestines, un lot de tuiles à crochet a été découvert à Coëtquen-en-l'Isle. Ce site est un retranchement quadrangulaire d’environ 100 m de côté ceint de talus qui recouvrent des maçonneries. Le tout est cerné d’un fossé sur un côté, et d’un ancien marais sur les autres. Le site a été daté de l’époque carolingienne par Loïc Langoët en 1981. Cependant, il s’accorderait plus avec une occupation des XIIe-XIIIe siècles, jusqu’à un abandon au XVIe siècle. Il s’agirait alors, selon des sources tardives, d’un ensemble comprenant un manoir, un hôtel et une métairie. Le lot pourrait également être issu des travaux du site castral adjacent, datant des XIVe-XVe siècle auquel le retranchement est lié. Il est constitué d’un château et de son bourg, et a connu de nombreuses reconstructions, particulièrement aux XIXe-XXe siècles.

Dans le lot de 821 pièces (découvertes anciennes et récentes), constitué principalement de briques diverses, 361 fragments de tuiles à crochet ont été identifiés. Aucune tuile n’a pu être reconstituée. Il s’agit de tuiles plates, larges d’environ 20 cm, et présentant un crochet non stéréotypé, décentré, et encadré par un à deux trous de clou ou de cheville de formes diverses. La présence de ces matériaux soulève de nombreuses questions puisque, localement, le mode de couverture prédominant semble être en ardoise et en chaume. Effectivement, les sources textuelles précisent qu'au niveau du village de Coëtquen, des maisons avaient des couvertures en roseau au moins jusqu’en 1844. Toutefois, des fragments de tuiles plates sont fréquents en prospection pédestre autour de Dinan et dans le nord de l'Ille-et-Vilaine, ce qui n’est d’ailleurs pas surprenant puisqu’une production tuilière est connue à Québriac pour la fin du XVIIIe siècle. Néanmoins cette dernière diffère de celle de Coëtquen par son format (tuiles plus petites).

Cette découverte relance la problématique sur l’utilisation des tuiles dans le nord de la Haute-Bretagne et souligne l’importance de réaliser une typochronologie de ces matériaux. La comparaison avec d'autres collections permet de faire un premier état de ces connaissances.

 1 : Centre Régional d’Archéologie d’Alet (CeRAA)

 

 

 

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